On a tous une sorte de « livre de vie » en vrai ou dans notre tête, où l’on note des choses importantes à voir ou à faire.
Dans le mien il y a des cases à cocher comme acheter une guitare à 12 cordes 🎸, conduire un tracteur 🚜… et depuis longtemps il y avait : atteindre le Cap Nord 🌐 à pied, à ski ou à vélo. Il n’était pas précisé de le faire au départ de la maison, mais tant qu’à faire, autant faire grand !
Cette case, on l’a cochée hier !
On a atteint le Cap Nord avec Pégase et Rantanplan en partant depuis chez nous. On a fermé la porte de la maison il y a 76 jours et on est juste parti faire un tour de vélo, qui nous ferait passer par cette limite septentrionale de l’Europe.
On a atteint le Cap Nord !
Ce point, symbolisé sur place par un globe en acier, se trouve exactement à 71°10’21 » de latitude nord, soit 2880 km de la maison à vol d’oiseau. Nous, nous avons décidé de le placer à 5444 km, en faisant quelques détours pour aller voir des champs de tulipes, visiter la belle Copenhague, traverser par deux diagonales la Suède, voir les îles Lofoten et la belle Senja… Il nous aura fallu plus de 330 heures de selle pour y arriver.
Comment vous décrire ce dernier jour de ride pour y arriver ? Hier, il nous restait seulement 30 km, mais près de 900 m de D+ (et oui c’est pas plat) pour accéder à ce globe. On a eu une fenêtre météo de fou. Soleil et très peu de vent depuis une semaine. Les conditions sont réunies pour passer un moment très agréable. On s’est réveillé automatiquement à 6h00 du matin (au lieu du 8h00 aux forceps de d’habitude), un peu comme des « adrenalin junkies » en manque d’un shoot. On savait pertinemment, sans se le dire, qu’il n’y aurait pas de pause dans cette étape avant le but.
C’est exactement ce qu’il s’est passé. On est parti et dès les premiers kilomètres on attaque la première grosse bosse. Pour cela on sort l’arme secrète : les écouteurs et chacun sa playlist. Pour ne vous en partager qu’un petit bout, Marie-Laure est montée avec « Rocket man » d’Elton John et moi avec « A tout moment la rue » d’Eiffel. Finalement on gardera les écouteurs jusqu’au bout. C’est un peu individuel certes, mais je crois que l’on avait chacun un truc à vivre pour nous. Cela ne nous a pas empêché les regards dans nos rétros, de nous filmer, prendre des photos et parfaitement capter ce que l ‘autre ressentait : le même effet planant de l’adrénaline à haute dose qui t’empêche de perdre ce sourire constant affiché.
La météo, plus que parfaite pour ce jour nous a offert un écrin de coton nuageux dans les vallées et tous les plateaux éclairés d’une belle lumière par le soleil. Le vent a choisi de ne pas s’inviter à cette fête.
On y arrive enfin, au globe ! Le moment le plus intense, frissons garantis après ces 5444 km de vélo. En plus, il est presque à nous (pas pour longtemps, mais ça se sera le côté obscure, on vous le garde pour la « part 2 » de l’histoire). On peut prendre des photos en posture de vainqueur : « on l’a fait », on porte nos vélos, on saute… et les gens sont très curieux et plein nous posent des questions et nous prennent pour des fous et trouvent cela génial. On ne recherche aucune gloire dans ce que l’on fait, juste vivre des moments intenses et cela en fait partie.
On a eu plein de doutes pendant le voyage, par rapport au tunnel à passer, par rapport à la météo. On a par exemple rencontré beaucoup de monde en route, en Suède qui nous ont parlé de la météo du Cap Nord et cela semblait très difficile. Par exemple, un suisse nous a dit ne pas pouvoir y monter avec son pick-up à cause du vent (il a dû faire demi-tour!) ! Et nous alors, à vélo !!!
Mais, les étoiles se sont alignées pour nous et nous voilà au pied du globe. Une émotion forte…
On a atteint le cap nord, trois jours après l’été, le 24 juin 2023.
Il est temps de lui tourner le dos (et de l’emporter dans nos souvenirs), de quitter le cap 0°, et de suivre le cap 180°, direction le sud pour un nouvel objectif !!